journaldemontreal.com | Source | ERIKA AUBIN | Lundi, 31 mai 2021
La valeur des autos interceptées au port de Montréal était de 26 M$ l’an dernier, une hausse de 71 % en deux ans
Les policiers de Montréal sont intervenus mercredi dans la cour d’un entrepôt de Lachine où opérait un présumé réseau de voleurs. PHOTO AGENCE QMI, ERIK PETERS
Le port de Montréal continue d’être la plaque tournante des voitures volées au Canada et l’on y a récupéré l’an dernier pour près de 26 M$ en véhicules qu’on s’apprêtait à expédier outre-mer en Afrique et en Europe dans des conteneurs.
Pas moins de 687 voitures volées, pour une valeur estimée à 25,7 M$, ont été récupérées en 2020 au port de Montréal, selon les données fournies par le Bureau d’assurance du Canada.
Il s’agit d’une importante hausse de 71 % comparativement à deux ans auparavant, alors qu’on avait récupéré pour 15 M$ en véhicules qui s’apprêtaient à partir à l’étranger.
Les corps policiers ont intensifié leur action depuis deux ou trois ans, après que des rapports eurent prouvé que le vol de voitures sert au financement du crime organisé et des cellules terroristes, soutient Charles Rabbat, directeur des relations avec les assurances et les services de police à Marquage Antivol Sherlock.
« Le gouvernement a demandé plus d’emphase là-dessus. Les policiers sont passés du mode passif à proactif et travaillent fort pour obtenir des informations », explique-t-il en précisant que le nombre de conteneurs fouillés est en constante augmentation.
Impossible de tout vérifier
Or, il serait impossible de vérifier les dizaines de milliers de conteneurs qui quittent chaque jour le port de Montréal.
« Il n’y a pas juste des automobiles volées qui partent du port. Il peut y avoir des armes ou de la drogue », mentionne en exemple M. Rabbat pour illustrer l’ampleur du problème.
La situation profite grandement à des réseaux criminels qui exportent des voitures volées.
Les criminels en profitent
« Dans certains pays, les voitures valent le double du prix d’ici, car il y a des embargos ou des taxes imposées par les gouvernements. Mais la demande est plus forte, laissant place à un marché noir. Les réseaux criminels sont morts de rire », ajoute Freddy Marcantonio, vice-président au développement des affaires et distribution chez Repérage Tag.
Selon M. Rabbat, les voitures luxueuses volées sont surtout envoyées dans des pays de l’Est, comme la Russie, alors que les Honda CR-V, les Toyota RAV4 et les Jeeps sont plutôt envoyés du côté de l’Afrique, notamment au Nigeria.
Jean-Pierre Fortin, président national du Syndicat des douanes et de l’immigration, déplore que le phénomène des vols de voiture ne soit « pas une priorité » pour les corps policiers.
« Nos agents manquent de ressources pour vérifier les conteneurs. Ils vont le faire s’ils ont des doutes ou s’ils reçoivent une information. On ne met pas de ressources, car les policiers se disent que les compagnies d’assurances paient les factures des voitures volées », dit-il.
Le problème en fin de compte, c’est que la facture est refilée aux consommateurs, insiste M. Fortin.
Il s’attriste que le port de Montréal demeure la plaque tournante des voitures volées au Canada.
« Depuis les attentats de 2001, le gouvernement est plus préoccupé sur ce qui rentre au pays que ce qui en sort », appuie Freddy Marcantonio.
Comments